Il arrive que les insuccès des marcheurs leur apportent une certaine notoriété, ainsi, Fanch Genafinas Beltarnatis-Itudinas est le premier à rapporter l'arrivée d'une navette ailleurs que sur la terre ferme.
Il a eu la surprise de se retrouver sur un morceau de glace dérivante de quelques centaines de mètres carrés, à proximité du continent polaire Epsilon. Surpris par la chute alors que son sac n'était pas bien fermé, il a perdu plusieurs objets, dont sa balise 4-dim, qui a glissé jusqu'à la mer.
Heureusement, il s'était muni de bon matériel, et il a pu survivre de sa pêche et grâce à son abri Benson jusqu'à ce que son navire improvisé, poussé par un courant froid et le vent d'est de l'hiver, touche terre très au nord du continent Alpha, soixante-quatre jours plus tard.
Il entreprit de suivre la côte en direction du sud-est, toujours pêchant. Après plusieurs semaines, il découvrit au pied d'une falaise le squelette d'un autre marcheur, identifié par la suite comme étant Grégoire Houdier, alpiniste. Ce dernier, visiblement mort des suites d'une chute depuis la falaise, tenait dans la main le noyau d'une balise 4-dim activée.
Après une courte recherche, Beltarnatis-Itudinas découvrit la navette bleue dans une grotte toute proche, mais elle ne s'était pas développée complètement, coincée sous le plafond rocheux. Il ne réussit pas à déplacer l'artefact à l'air libre.
Il continua alors de suivre la côte vers l'est et le sud, tout en remplissant le journal de Houdier. Il marcha deux ans avant de trouver une balise 4-dim en état de le ramener à PK, ce qu'il fit aussitôt.
Il n'a jamais fait parler de lui, le journal de Grégoire Houdier, qu'il a rapporté, a été publié sous le titre "Le grimpeur et le pêcheur".
De nos jours, on ne trouve plus de cet ouvrage que la partie comprenant les cartes établies par Houdier et recensant les sites d'escalade du nord d'Alpha.
Lorsqu'on évoque Fanch Genafinas Beltarnatis-Itudinas, on utilise le surnom qu'il avait acquis lors de son périple : le pêcheur.
Une rumeur persistante prétend qu'il vit toujours (il aurait aujourd'hui 138 ans) sur Té-ra, sous un nom d'emprunt, parmi les peuples vivants sur la banquise polaire, mangeant du poisson cru et nageant dans l'océan glacial.

1. Un portulan est une carte marine succincte, indiquant uniquement le contour et les points remarquables des côtes.