Page de garde Solis, un monde à part...



Les marcheurs célèbres : Jak Monnier.
7 janvier T 9866 octobre T 997
Jak Monnier est sans conteste le marcheur le plus populaire. Sa jovialité et sa permanente bonne humeur sont restées profondément gravées dans les mémoires de ceux qui l'ont connu.
Sa popularité est déjà bien établie alors qu'il est seulement un partant, car il annonce son intention de ne pas rester seul et de trouver un moyen de réunir les marcheurs.
Les nombreux témoins de ses expériences dans le domaine de l'aérostation et de la balistique, et surtout par le fait qu'il a pu réunir autour de lui un groupe de dix-huit marcheurs, dont cinq des vingt-huit (jusqu'à présent) femmes qui aient jamais foulé le sol de Solis.
Jeune ingénieur à l'Agence Industrielle, Monnier décide un beau jour de "prendre le vert". Il emporte toute la documentation possible sur les moyens de transport primitifs, en particulier sur les ballons et les dirigeables. Il explique qu'il va trouver un village et faire fabriquer un dirigeable pour explorer Solis à sa guise.
De pareils discours avaient déjà été tenus par des partants, mais Monnier tient parole.
Six mois après son départ, il fait le tour de PK dans un dirigeable biplace, en compagnie d'un autre marcheur, Gerd Lennardt. Leur rencontre est due au seul hasard, mais elle donne un relief particulier aux propos que Jak Monnier avait tenu avant son départ.
Le ballon s'approche à environ 6 kms de la limite du champ. Monnier communique avec Port-Klutter en projetant la nuit des messages lumineux sur l'enveloppe du ballon. Chacun peut les lire avec une simple paire de jumelles.
Monnier déclare qu'il a mis au point une méthode pour suivre une navette et retrouver son occupant, et qu'il acceptera tout volontaire venant le seconder dans son entreprise d'exploration.
La méthode est simple, quand la navette passe, Monnier l'intercepte aux commandes d'un deuxième dirigeable très petit et très profilé, il la prend au lasso et se laisse remorquer. Le système fonctionne, et il sera utilisé avec succès quatre fois, dont deux fois avec des femmes qui étaient venues sur Solis tout exprès. Trois autres tentatives se solderont par des échecs. Monnier abandonne alors la méthode.
On ignore encore la matière que Monnier avait utilisé pour fabriquer son lasso, car les multiples essais réalisés depuis PK ont tous échoué, les cordes diverses glissant toujours sur la peau de la navette.
Le groupe Monnier s'installe à l'ouest de PK, au pied de la cordillère d'Alpha, sur les rives d'un grand lac, non loin d'un gros village solien. Ils nomment leur implantation Friedrischafen, et le lac Bodensee, pour rappeler un épisode de la conquête de l'air sur la Terre antique.
L'atelier dirigé par Lennardt s'attaque aux projets conçus par Monnier. Les soliens apportent leur contribution avec bonne volonté, et leur niveau technique permet une rapide progression de tous les travaus envisagés.
Un an plus tard, un dirigeable de cent mètres de long fait son apparition près de PK, c'est Jak Monnier, au commandes du "Manus", un zeppelin de sa conception. Utilisant cette fois une fusée postale rudimentaire, il annonce qu'il va faire le tour du monde et établir un système de relais permettant aux marcheurs de se regrouper.
Ainsi, le groupe Monnier va se constituer, jusqu'à atteindre l'effectif de dix-neuf personnes. Deux femmes donnent naissance chacune à un garçon. Le dirigeable visite régulièrement PK et communique par fusées postales.

Un lâche attentat.
Lors d'une de ces visites, une fusée tirée de PK (depuis la légation de la Milice Rouge, qui nie cependant être impliquée) atteint le "Manus" qui, vraisemblablement gonflé à l'hydrogène, explose et brûle en quelques secondes, tuant tous ses occupants, dont Monnier et les deux seuls enfants humains nés dans le "vert".
Huit compagnons du groupe Monnier, dont Gerd Lennardt, n'étaient pas à bord au moment de ce lâche attentat. Lennardt s'est rendu sur les lieux de la catastrophe dans un dirigeable plus petit, pour constater les dégâts. Voyant qu'il n'y avait plus aucun survivant, il a planté sa balise pour revenir à PK. Le groupe Monnier ne s'est plus manifesté en tant que tel.
D'après Gerd Lennardt, voici la liste des victimes (par ordre d'arrivée dans le vert).
Jak Monnier,
Brenda Carlson,
Mary Finch,
Eric Bretaux,
Franck Dourdan,
John-Finn Gentry,
Paul Samuel,
Erico Aretrada,
Donald Crumb,
Monk Fatunatto,
Yevgeni Stiolipine.
Les deux enfants nés sur Solis étaient Gerd-Friedrich Monnier-Carlson et John Finch-Dourdan. Ils portaient les noms de leurs deux parents, suivant l'ordre de leur arrivée dans le vert.
Voici les sept compagnons qui n'étaient pas à bord du "Manus" et qui se sont dispersés après l'attentat.
Rodrigo Estaben
Matthew Eddington
John-Dick Vendraux
Guenadi Bretchov
Guglielmo Martini
Wattren Maertens
Gwundel O'Connor
Gwundel O'Connor, Maertens et Bretchov sont restés ensemble pendant plus de vingt années, sans vouloir reformer un groupe technologique, ils ont sillonné Alpha un peu au hasard, en partie avec les premiers nomades aériens, jusqu'à ce que Maertens commence à perdre la vue, en 1022. Ils sont alors rentrés à PK, toujours ensemble, pour s'établir quelque part dans la zonhum.
Gwundel O'Connor pourrait être toujours vivante, car elle a payé sa cotisation au Souvenir Solien pour 1066.