Page de garde Solis, un monde à part...


 Kel-Arni (reconstitution non officielle)
Un amour voyageur.
Traduction du bâton sculpté de Kel-Arni (collection Hans Gustav Drecourt). Autour du fût de ce bâton de marche en bois kefana s'enroule un texte sculpté dont la traduction a été effectuée d'après les lexiques van Hoost. On l'appelle bâton de Kel-Arni car dans son pommeau on aurait trouvé un petit croquis sur du papier solien bleu, le portrait d'une jeune femme annoté ainsi, vraisemblablement par le marcheur inconnu dont parle le texte.
Inclusion judiciaire : Le portrait publié ici est une reconstitution non officielle. Toute personne prétendant ce dessin (et/ou ses reproductions) conforme à un objet lié au bâton de Kel-Arni (collection H. G. Drecourt) sera poursuivi devant toute juridiction fédérale compétente.
Droit de réponse de l'éditeur : Ce dessin a été remis à nos services par une personne ayant déclaré avoir vu l'original dans la collection Drecourt et l'avoir reproduit de mémoire. Cette personne étant aujourd'hui introuvable, nous avons cependant décidé de publier le dessin avec les réserves d'usage sur son authenticité, après l'avoir fait examiner par plusieurs (3) marcheurs, dont deux ont déclaré plausible son authenticité.

Voici donc la traduction du texte :

«Kel-Ar-Ni est mon nom. Mon père xxx-Ar-Ni est forgeron ici, à Blanche Pierre, et ma mère Kel-xxx est garde des herbes. Je me promène souvent seule dans la forêt, et c'est ainsi que j'ai trouvé ce voyageur.
Il était perdu, comme ils le sont tous, et quand il m'a vue, il a crié dans sa langue bizarre. Je n'ai pas bougé, alors il s'est précipité vers moi, comme un chasseur sur sa proie, je l'ai facilement maîtrisé, grâce à l'enseignement du maître des chasses. Je lui ai attaché les bras dans le dos avec les sangles de son sac. J'ai attendu qu'il cesse de hurler et quand il s'est mis à pleurer, je l'ai relevé doucement et l'ai guidé vers ma maison.
Là, j'ai partagé avec lui l'eau et le fruit, je l'ai rasé, lavé et parfumé, nous avons parlé, lui dans sa langue et moi dans la mienne, nous avons ri, jusqu'à la nuit et bien plus tard, et il s'est endormi. Ma mère est venue et nous l'avons déshabillé et porté dans le lit.
Ma mère l'a regardé, et elle m'a dit qu'un jour il repartirait, comme ils le font tous, et que je devais, avant de m'allonger avec lui sous mon toit, faire venir la maîtresse des plaisirs et bien regarder leurs ébats, pour me rendre compte de la faiblesse de sa volonté devant les choix. Je suis allé la chercher, et tout s'est passé comme ma mère l'avait dit. J'ai tout regardé, debout au pied du lit, laissant couler toutes mes larmes.
Quand la maîtresse des plaisirs est partie, il dormait, épuisé. Je me suis glissée contre lui, sentant tous les parfums et les odeurs qui disaient qu'il ne serait jamais tout à moi, et la nuit était douce et chaude.
Et amère.»

Une partie de texte a été ajoutée après coup, gravée en creux.

«Pars avec mon amour qui voyage, je me promènerai seule à nouveau.»