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Avant le premier pas (USA, 1961-1969)

Apollo 10 : répétition générale ?
   Quel luxe, on peut même se raser ! Pour la première fois, on pouvait se raser dans l'espace, sous l'oeil d'une caméra couleur.

 Le CSM vu du LM après sa séparation Le CSM en orbite lunaire, survolé par le LM après la séparation.

 Lever de Terre sur la mer de Smyth... A 384 000 km de distance, la Terre est le plus bel objet du ciel lunaire.

 Cratère 302 Sur la face cachée de la lune, Apollo 10 survole le cratère 302 à environ 100 km d'altitude.

 Snoopy vu de Charlie Brown Le LM "Snoopy" en approche pour l'arrimage avec le CSM "Charlie Brown".

 Retour au-dessus du Pacifique L'amerrissage d'Apollo 10 sera le premier à être retransmis en direct à la télévision.

L'équipage d'Apollo 9 a démontré la fiabilité de toutes les pièces majeures d'Apollo. Cependant, les marges d'erreur pour la première mission d'atterrissage sont très faibles et, de nouveau, il y a un problème de poids avec le LM, ce qui impose une adaptation du projet.
Quand l'équipage d'Apollo 10 (le commandant Tom Stafford, John Young, pilote du CMS et Gene Cernan, pilote du LM) est présenté le 13 novembre 1968, le communiqué de presse de la NASA énumére les missions possibles, qui vont des "opérations en orbite terrestre à un vol en orbite lunaire". Cependant, Gene Cernan déclare qu'il y a toujours la possibilité que le sort leur réserve le premier atterrissage. En fait, il faut attendre le 24 mars, onze jours après l'amerrissage d'Apollo 9, pour que le général Samuel Phillips, directeur du programme, décide que la mission Apollo 10 sera une répétition générale en orbite lunaire.
Atterrir sur la Lune est une entreprise complexe, et bien que les procédures soient revues et pratiquées un nombre incalculable de fois en simulateur, rien ne garantissait que tout -systèmes de propulsion, guidage, radar, systèmes de communications- était prêt pour assurer le véritable atterrissage.
Plus de vingt ans après, Jack Schmitt dit qu'il ne doutait pas qu'un vol de répétition générale serait effectué en orbite lunaire, même si cela empêchait de répondre au délai imparti par Kennedy. Michael Collins, dans son excellent livre «Carrying the fire», dit que pour sa part, il aurait retardé Apollo 10 jusqu'à ce qu'un LM complétement opérationnel soit prêt pour Stafford et Cernan. Il y eut certainement beaucoup de débats et de discussions avant que la décision d'un vol de répétition ne soit prise.
Gene Cernan résume parfaitement cela :
«Quand j'ai été assigné à Apollo 10, je me souviens que Stafford m'a dit : "Tu sais, tout dépend de la façon dont le matériel volera, mais nous pourrions bien devenir les premiers gars à se poser sur la Lune." Et nous sommes entrés dans ce vol sans savoir si nous nous poserions ou pas. Apollo 10 n'était pas destiné à être une répétition jusqu'à ce que le LM-5 commence à avoir des problèmes.
À ce moment, les discussions portaient sur deux choix :
- "Doit-on attendre le LM et aller jusqu'à la surface lunaire avec Apollo 10 ? Après tout, si on prend le risque du lancement, de l'insertion en trajectoire lunaire, d'aller aussi loin que 400 000 km, de descendre à peu de distance de la surface, pourquoi ne pas prendre un petit risque de plus et atterrir ? Attendons que le LM soit capable de faire tout ça."
- L'autre théorie était de progresser "pas à pas, prendre tous les risques, sauf le grand risque d'atterrir à la surface."
Et nous, l'équipage, étions en discussion (surtout Tom Stafford) pour savoir quelle décision serait prise.»
La mission Apollo 10.
Finalement, Stafford, Young, et Cernan décollèrent le 18 mai 1969 et, après avoir passé quelques heures en orbite terrestre en vérifiant le vaisseau et les systèmes, ils allumèrent le troisième étage du lanceur Saturn 5 pour partir en direction de la Lune. Comme pour Apollo 8, leur trajectoire était "à retour libre", c'est-à-dire qu'elle les emmenait autour de la Lune, et en cas d'échec à l'allumage du moteur principal, elle les ramenait directement sur Terre. Cependant, comme lors de toutes les missions Apollo, ce moteur fonctionna parfaitement.
Contournant la Lune à 110 km au-dessus de la face cachée, l'équipage alluma le moteur pendant quatre minutes pour freiner et entrer en orbite lunaire. Vingt minutes plus tard, le vaisseau émergea du limbe oriental de la Lune, retrouvant le contact radio avec la Terre. L'heure de la réapparition du vaisseau était suffisante pour confirmer qu'il était sur l'orbite prévue.
Pendant les heures suivantes, Stafford et Cernan vérifient le LM. Après un repos nocturne, ils se séparent de Young et, au-dessus de la face cachée, ils allument le moteur de descente pendant trente secondes pour se placer sur une orbite qui les amène à 14 500 m d'altitude au dessus d'un point situé 480 km à l'est du site prévu pour Apollo 11.
En approchant du point bas de leur orbite, ils se trouvent assez près du sol pour tester le radar d'alunissage du LM et procéder à une inspection visuelle de la zone au cas où un site de rechange soit nécessaire lors du premier atterrissage.
Ensuite, au lieu d'allumer le moteur de descente pour freiner leur course et atterrir, ils accélérent et prennent une nouvelle orbite qui, passant à 350 km au-dessus de la face cachée, les amène cette fois juste au dessus du site prévu pour Apollo 11.
Deux heures plus tard, à la fin d'une autre orbite lunaire, Stafford et Cernan sont prêts à répéter la manoeuvre d'ascension et de rendez-vous. Après avoir survolé une nouvelle fois à basse altitude le sud-ouest de la mer de la Tranquilité, ils éjectent l'étage de descente et allument le moteur d'ascension pendant environ 15 secondes. Peu après, ils effectuent un parfait rendez-vous avec Young.
Presque tout s'était passé parfaitement, à part un moment d'anxiété quand l'étage de remontée, à peine séparé, commença à tourner et rouler follement sur lui-même. Il fallut près de huit secondes à Stafford pour reprendre le contrôle du vaisseau. Un simple interrupteur actionné une fois de trop avait provoqué la remise en route du système de fusée d'attitude.
Deux orbites après cet épisode «à dresser les cheveux» (dixit Stafford), le rendez-vous avec le CSM s'effectue. Une orbite plus tard, Stafford et Cernan rejoignent Young à bord du Module de Commande. Le LM est alors largué et Houston l'envoie sur une orbite solaire par un dernier allumage de son moteur.
Après une bonne nuit de sommeil et une journée en orbite passée à faire des repérages au sol, l'équipage d'Apollo 10 met le cap sur la Terre.
Les problèmes rencontrés lors de cette mission sont inhérents à tous les vols d'essai, et, plus important, Apollo 10 n'avait pas eu lieu pour tenir le public en haleine, mais bel et bien pour préparer la scène de l'atterrissage d'Apollo 11.
L'équipage retrouva la "terre" le 26 mai 1969, en amerrissant à 600 km de Pago-Pago, dans les îles Samoa.