Avant le premier pas (USA, 1961-1969)
Forger son expérience.
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Alan Shepard, premier américain dans l'espace, récupéré dans l'Atlantique par un hélicoptère du USS Lake Champlain. La capsule Freedom 7 flotte en-dessous de lui.
Virgil "Gus" Grissom, futur deuxième américain dans l'espace, revêt son équipement de vol avant le lancement de Liberty Bell 7".
La capsule Liberty Bell va couler à pic, pour une raison inconnue jusqu'à présent, mais qui pourrait être un plongeon sous un angle incorrect.
En compagnie de John Glenn, le président Kennedy examine la cabine Friendship 7, premier vrai vaisseau spatial habité des États-Unis.
A bord du USS Intrepid, Scott Carpenter s'entretient par téléphone avec le président Kennedy, après son vol orbital dans Aurora 7.
Wally Schirra se glisse à bord du vaisseau Sigma 7, avec l'aide de son remplaçant Gordon Cooper et du personnel au sol.
Faith 7, la cabine de Gordon Cooper, récupérée après un vol mouvementé de 22 orbites terrestres. C'est le dernier vol du projet Mercury.
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Le succès des atterrissages des missions Apollo est dû, dans une large mesure, aux leçons apprises et à l'expérience acquise lors des vols inhabités qui les ont précédées.
Les sondes automatiques comme les
Ranger ou les
Lunar Orbiter ont fourni des vues rapprochées de la surface lunaire, avec une qualité cartographique. Ensuite, avec
Luna 9 (URSS, 1966) et la série
Surveyor (USA, même année) les atterrissages en douceur ont commencé. Des données sur les caractéristiques chimiques, physiques et mécaniques du sol lunaire sont collectées en masse, et on découvre aussi les images de paysages inconnus, cratérisés et rocailleux.
Pendant la même période, les vols habités Mercury et Gemini sont utilisés pour expérimenter et développer des manoeuvres de base en orbite, connaissance indispensable aux vols lunaires habités.
La course à l'espace.
Après les succès des cosmonautes soviétiques dans l'espace, les États-Unis se lancent dans la course à l'espace, en coordonnant les différents programmes militaires et civils au sein de la NASA (National Aeronautics and Space Administration), fondée en juillet 1958.
La première fusée capable d'envoyer un homme dans l'espace (mais pas en orbite) existe déjà. Elle est le fruit du travail de plusieurs experts en fusée d'origine allemande, travaillant au sein du
Redstone Arsenal de Huntsville (Alabama) sous la direction de l'
US Army (l'armée de terre). Cette fusée est un missile balistique militaire
Redstone modifié, entre autres par un allongement conséquent du moteur-fusée principal à carburant liquide et par l'adjonction d'un deuxième étage comportant dix petits moteurs-fusée à poudre.
Ces aménagements lui permettent de mettre sur orbite un petit satellite ou d'emmener aux limites de l'espace un vaisseau spatial ou "capsule", beaucoup plus lourd, pouvant subvenir aux besoins vitaux d'un astronaute pendant un vol de courte durée.
Ce lanceur est connu sous le nom de
Jupiter-C. Le 20 septembre 1956, soit un an avant le vol du
Spoutnik soviétique, il a atteint l'altitude de 965 km, en emportant un deuxième étage de moteurs factices. Les experts de Huntsville estimaient qu'une mise en orbite était possible, mais l'autorisation leur fut refusée, leurs travaux devant concerner uniquement les missiles.
Après le succès du
Spoutnik en octobre 1956, l'équipe de Huntsville est mise à contribution et, le 31 janvier 1958, le lanceur
Jupiter-C réussi à mettre sur orbite
Explorer 1, un petit satellite mesurant la radioactivité grâce auquel on découvre les ceintures de Van Allen.
La mise au point du lanceur continue et, le 17 septembre 1958, le premier programme de mise sur orbite par les États-Unis d'un vaisseau spatial habité est annoncé sous le nom de "Projet Mercury". Début 1959, les sept hommes choisis pour devenir les astronautes commencent leur entraînement.
Le premier d'entre eux à s'élancer dans l'espace est Alan Shepard. Le 5 mai 1961, dans la capsule
Freedom 7, il effectue un vol balistique de 15 minutes qui l'emmène à 186 km d'altitude. Il retombe dans l'Atlantique, 480 km plus loin. Le pilote et la capsule sont récupérés par les hélicoptères du porte-avions
USS Lake Champlain.
Le 21 juillet 1961, ce vol est réédité par Virgil Grissom à bord de
Liberty Bell 7. Après un vol parfait, la capsule coule dans des circonstances controversées, et Virgil Grissom, dont la combinaison prend l'eau, est lui même récupéré de justesse par les hélicoptères du
USS Randolph.
Après ce vol, le lanceur
Jupiter-C est remplacé par une fusée
Atlas, évolution du premier missile militaire intercontinental. Ce lanceur plus puissant doit permettre la mise en orbite du vaisseau Mercury.
Le 27 janvier 1962, la fusée est prête et John Glenn est à bord, mais les mauvaises conditions météorologiques annulent le lancement. C'est finalement le 20 février que John Glenn décolle de Cap Canaveral et, quelques minutes plus tard, devient le premier américain en orbite. Le vaisseau spatial
Friendship 7 effectue 3 orbites. Au cours du vol, Glenn fait l'expérience de l'apesanteur et aperçoit des «milliers de petites particules à l'extérieur de la cabine, brillantes, à peu près de la taille de lucioles». Il rencontre également des difficultés avec les moteurs d'attitude du vaisseau, et doit couper le pilote automatique pour effectuer des corrections manuelles. Après trois orbites, le compte à rebours de l'allumage des rétro-fusées commence, et malgré des inquiétudes sur l'état du bouclier thermique, la descente se passe bien.
Friendship 7 amerri dans le pacifique, à 6 miles du destroyer
USS Noa.
Le 24 mai 1962, Scott Carpenter réédite le vol de Glenn à bord de la capsule
Aurora 7. Au cours des 3 orbites, il effectue de nombreuses expériences concernant l'apesanteur et la perception des couleurs, et il prend près de 600 photos, nuages, couchers et levers de soleil ou d'étoiles. Il s'aperçoit qu'il peut provoquer l'apparition des lucioles en frappant de la main la paroi interne du vaisseau, et que ses mouvements de bras font varier l'attitude de la capsule.
Absorbé par ses expériences, il actionne les rétro-fusées un peu trop tard et se retrouve en plein océan Pacifique, à 400 km du point prévu. Il prend place difficilement dans un canot pneumatique avec la caméra et les films, et les avions de reconnaissance le trouvent 35 minutes plus tard. Une fois à bord du
USS Intrepid, il reçoit un coup de fil de félicitations du président Kennedy.
Les cosmonautes soviétiques réalisent des missions de plus en plus longues, avec leurs
Vostok dont le poids est double des
Mercury, et en août 1962, deux
Vostok réalisent des vols orbitaux de 94 heures et de 70 heures, en effectuant des poursuites qui les amènent à quelques kilomètres l'un de l'autre.
Ce succès amène les responsables de la NASA à modifier le prochain vol
Mercury, prévu pour Walter Schirra, afin de lui faire effectuer 6 orbites.
Lancé le 3 octobre 1962, malgré quelques inquiétudes sur la fusée
Atlas lors du décollage, Walter Schirra effectue 6 orbites à bord de
Sigma 7, en se laissant dériver pour économiser le carburant. Il aperçoit lui aussi les cristaux de glace appelés «lucioles». Au terme de son vol, la capsule amerrit dans le Pacifique à proximité de Midway et les hélicoptères du
USS Kearsarge le récupèrent. Pour la première fois, un problème médical apparait, sous forme d'une sorte de paresse cardiaque due à l'apesanteur.
Le dernier vol
Mercury est celui de Gordon Cooper, le 15 mai 1963, d'une durée de 22 orbites. La capsule
Faith 7 amerrit dans le pacifique, à quelques milles du
USS Kearsarge.